Le professeur pratiquant une action de remédiation en phonétique corrective intervient directement sur les sons de parole activés dans la mémoire de travail de l’apprenant. Ce que cet article décrit précisément grâce à un tutoriel vidéo.
Le traitement des sonorités parolières en mémoire de travail.
Cette vidéo aborde cette question que tout praticien doit connaître afin de donner une véritable efficience aux optimales qu’il propose. Travailler dans le respect du fonctionnement de la boucle phonologique assure une action directe sur les formes sonores présentées à l’élève et donne un impact réel à l’échange avec ce dernier: les formes activées en mémoire de travail ont ainsi la possibilité de passer dans la mémoire à long terme. Ces nouvelles représentations peuvent s’intégrer à terme au stock phonologique que l’apprenant peut traiter avec une efficacité de plus en plus affirmée.
Résumé du tutoriel sur la mémoire de travail.
Les informations en provenance de notre environnement sont traitées en trois étapes: capture, stockage et rappel de l’événement. Ce que décrit la figure ci-dessous suggérant que trois systèmes mémoriels sont sollicités.
Enormément d’informations ne sont pas captées par la mémoire sensorielle, d’autres disparaissent durant le bref laps de temps pendant lequel elle les retient. Les filtres attentionnels transforment et concourent à se faire volatiliser beaucoup de celles qui transitent en direction de la mémoire de travail. Ces informations ne sont pas considérées comme pertinentes par le système cognitif dans une situation donnée.
La mémoire de travail.
Son architecture est décrite dans la figuré suivante inspirée du modèle de Baddeley. Un administrateur central gère deux systèmes esclaves constitués par le calepin visuo-spatial et la boucle phonologique.
La boucle phonologique est un système qui agit en deux temps. On pourrait la comparer à un magnétophone:
- dans un premier temps, les sons sont stockés (mode enregistrement);
- ils sont ensuite traités car activés par le phénomène de récapitulation articulatoire (mode lecture). La mémoire de travail est sensible aux stimuli physiques des sons, elle n’a que faire des aspects sémantiques. Les formes sonores sollicitées par la récapitulation articulatoire sont ainsi traitées en direct par le professeur; toute action de remédiation phonétique bien effectuée -c’est-à-dire pas une simple répétition qui ne sert strictement à rien- est susceptible d’avoir des conséquences positives.
Le professeur doit tenir compte de deux points concernant le fonctionnement de la mémoire de travail en tant qu’espace de stockage temporaire:
- elle dispose d’une capacité limitée: quelques sons -pas plus de 7 ou 8 pour un travail efficace- ou de préférence quelques regroupements (=syllabes). En début d’entrainement phonétique, le professeur ne dépassera jamais 4 syllabes au risque de saturer l’espace de stockage et rendre tout travail de remédiation inefficace;
- les sons restent disponibles pendant deux secondes avant d’être irrémédiablement effacés de la mémoire de travail – il faut laisser la place à l’information en amont. Durant ce laps de temps, les formes sonores sollicitées par la récapitulation articulatoire peuvent être traitées avec confort tant par l’enseignant que l’apprenant: deux secondes, ce n’est pas mal du tout à condition de ne proposer qu’un nombre limité d’unités et d’adopter un débit normal. Il faut toujours prendre son temps en phonétique corrective.
Mémoire de travail et psycholinguistique.
MàJ du 02 juin 2016
Je viens de découvrir cette remarquable conférence donnée par Michel Fayol le vendredi 2 octobre 2015 lors de la journée « Mémoire de travail : concepts, évaluation et remédiation » à l’initiative des Editions du Centre de Psychologie Appliquée (ECPA) et mise en ligne sur YouTube. Je vous invite à l’écouter, c’est passionnant.
Excellente explication, très claire et utile! Merci beaucoup, M. Billières.
Merci à vous.