La neuroimagerie fonctionnelle a fait des progrès spectaculaires au cours de XXIème. Depuis peu, de nouvelles techniques sont apparues, qui ouvrent la voie à une meilleure compréhension du cerveau humain en action. Elles sont utilisées dans le secteur médical mais sont également sollicitées dans d’autres études par d’autres secteurs des neurosciences. L’introduction récente de l’IA permet une amélioration qualitative conséquente.
Dans le domaine de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères, les psychologues cognitivistes se sont peu à peu imposés depuis le début de ce siècle. J’emprunte la citation suivante à Stanislas Dehaene, brillant chercheur et vulgarisateur de talent, qui précise en introduction à son site:
Comment fonctionne le cerveau humain ? Sur quels algorithmes s’appuie-t-il pour reconnaître un visage, un chiffre ou un mot, et en comprendre le sens ? Comment le combine-t-il à d’autres symboles au sein d’une phrase ou d’une proposition mathématique ? Comment ces opérations sont-elles matérialisées dans les circuits neuronaux du cerveau humain ? Et pourra-t-on les comprendre au point d’en développer des modèles mathématiques et de les simuler dans des logiciels d’intelligence d’artificielle ? La psychologie cognitive expérimentale regroupe l’ensemble des disciplines qui traitent de ces questions. Longtemps confinée à l’analyse des productions et des comportements humains, elle s’appuie aujourd’hui sur des technologies avancées d’imagerie cérébrale et de décodage neuronal qui tentent de jeter des ponts entre architecture neuronale et représentations mentales [...] Mes recherches sont principalement réalisées au centre NeuroSpin, sur le plateau de Saclay, où le CEA dispose d’un vaste plateau technique d’IRM, d’électro- et de magnéto-encéphalographie, chez l’adulte comme chez le jeune enfant. J’utilise ces techniques d’imagerie cérébrale pour étudier la question de la singularité du cerveau humain. Pourquoi sommes-nous la seule espèce capable d'arithmétique, de géométrie, de langage, de lecture... ?
Stanislas Dehaene
De fait, depuis une vingtaine d’années, divers ouvrages et articles de vulgarisation traitent des avancées des neurosciences dans le domaine du fonctionnement du du cerveau, du traitement du langage et celui de l’apprentissage. Les recherches sont menées de façon scientifique sur la base de protocoles rigoureusement controlés. Peu à peu, car ceci demande du temps, certains mécanismes et fonctionnalités du cerveau sont mieux appréhendés et des propositions sont émises sur la base des résultats obtenus. A titre d’exemple, citons la présentation des 4 piliers de l’apprentissage, Les quatre piliers de l’apprentissage selon Stanislas Dehaene sont des principes fondamentaux identifiés grâce aux neurosciences cognitives pour optimiser le processus d’apprentissage. Ils ont été présentés dans divers travaux, notamment dans ses cours au Collège de France et son livre Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines publié en 2018. Les voici présentés en un tableau synthétique :
Les travaux des « neuros » bousculent le discours des didacticiens qui, de par leur formation, travaillent davantage sur la base de l’observation directe via des vidéos par exemple. et s’intéressent à d’autres thématiques que celles frayées par les sciences « dures » explorant le fonctionnement de la « boite noire » (le cerveau). Il est donc nécessaire d’envisager l’apprentissage vu par les « neuros » comme complémentaire des apports de la didactique des langues. Et il est évident que ces travaux vont énormément apporter à la problématique de l’acquisition et de l’apprentissage des langues étrangères dans les prochaines années. Ainsi qu’un puissant souffle d’air frais à la didactique des langues traditionnelle. Ce que la présentation ci-dessous souligne également.
Et si vous préférez tranquillement parcourir la présentation, la voici:
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