La ressource numérique que j’ai dirigée s’intitule Phonétique corrective pratique et théorique en français langue étrangère. La méthode verbo-tonale.
Elle répond à un appel d’offres de l’Université Ouverte des Humanités. Elle a été réalisée à la DTICE de l’université de Toulouse-Le Mirail et mise en ligne en octobre 2013.
Elle a pour ambition d’aider les (futurs) professeurs de langue vivante, et plus particulièrement de FLE, à acquérir un savoir faire pratique raisonné dans le domaine de la correction de la prononciation en FLE.
Il n’existait pas jusqu’alors de cours multimédia d’enseignement de la prononciation en langue étrangère montrant de façon concrète comment s’effectue la correction phonétique « en direct » en salle de classe. Et notamment, comment un professeur réagit en temps réel quand il est confronté à la prononciation défectueuse d’un élève qui réalise plusieurs erreurs en émettant une suite parolière en L2
- sachant que la correction porte sur un élément à la fois, quelles priorités établit-il
- quel est son diagnostic de l’erreur (sans lequel la correction est vouée à l’échec)
- quel type d’intervention privilégie-t-il (éléments segmentaux -voyelles et consonnes- ou prosodiques –rythme et intonation-)
- quels procédés de remédiation utilise-t-il et pourquoi
- comment gère-t-il la progression de l’apprenant ainsi que les inévitables moments de régression phonétique
- comment intègre-t-il la correction de la prononciation aux autres moments d’une séquence pédagogique…
- la correction phonétique est-elle réduite à ce simple échange maître-élève au cours duquel le professeur agit sur la production erronée ou bien existe-t-il d’autres activités orientées vers l’amélioration de la prononciation en L2 et donnant une plus grande autonomie à l’apprenant ?..
De fait, la formation d’un professeur de langue ne le prépare pas toujours à affronter les problèmes liés aux erreurs portant sur la matière sonore. Il reçoit de nombreuses informations sur la manière de transmettre des savoirs se rapportant au lexique, à la morphologie ou la syntaxe. Mais la phonétique constitue souvent le parent pauvre de son cursus. Soit elle est évacuée du programme de formation. Soit elle est présente sous la forme d’un enseignement de phonétique générale à base de phonétique articulatoire avec, éventuellement, un léger saupoudrage d’acoustique et maintes considérations relevant essentiellement de la phonologie. Au terme de ce parcours, le futur professeur a une vision peu glorieuse de cette discipline qu’il considère souvent comme ennuyeuse et rébarbative. La phonétique se réduit pour lui à une somme de connaissances livresques se résumant à des schémas et à des tableaux des voyelles et des consonnes, avec quelques vagues notions sur le rythme et l’intonation, le tout présenté au moyen d’une terminologie ésotérique.
Dans la salle de classe, le professeur est immédiatement confronté à des productions phoniques erronées. Il peut choisir de ne pas en tenir compte, considérant qu’une mauvaise prononciation ne constitue pas un obstacle majeur à la communication. Il peut décider d’y remédier. Mais comment faire? A quoi servent ses connaissances théoriques si elles sont inutilisables concrètement? L’acte de correction phonétique qui suppose une action efficace s’effectue en temps réel. En cas d’échec, l’enseignant a le sentiment d’avoir perdu la face devant les élèves et d’être pris au piège. Le découragement peut très vite s’emparer de lui. Il abandonne ce terrain miné au profit d’activités portant sur les autres éléments du code linguistique.
Les personnes auxquelles cette ressource numérique s’adresse sont des professionnels de langues vivantes en formation initiale ou continue
- Étudiants en formation initiale et notamment ceux se destinant à l’enseignement du FLE ou d’une langue vivante : niveaux du L3 au M2
- Professeurs de français langue étrangère et plus largement professeurs de langue vivante (enseignement primaire et secondaire)
- Formateurs de formateurs en langue étrangère
- Responsables pédagogiques dans des établissements privés ou publc
- Concepteurs de programmes dans un établissement d’enseignement, un organisme de formation ou une maison d’édition
- Intervenants dans une institution relevant du monde associatif pour l’accueil et l’insertion de primo-arrivants ou d’étrangers résidant en France
- Orthophonistes travaillant avec des primo-arrivants ou des Enfants Nouvellement Arrivés en France (ENAF)
Cette ressource numérique a pour ambition d’asseoir les compétences suivantes pour une personne l’ayant pratiquée assidument. L’utilisateur potentiel de la ressource devient un praticien de phonétique corrective capable en temps réel de
- hiérarchiser les niveaux de correction : prosodique, phonématique, phonétique
- diagnostiquer précisément la cause d’une erreur suprasegmentale, c’est-à-dire de rythme ou d’intonation
- diagnostiquer précisément la cause d’une erreur segmentale, c’est-à-dire relative à une voyelle ou une consonne
- proposer plusieurs types de remédiation portant sur la correction a) du rythme ; b) de l’intonation ; c) de ces deux paramètres simultanément
- proposer plusieurs types de remédiation relatifs aux voyelles et aux consonnes
- appliquer la méthode à des apprenants de FLE en provenance de tout groupe linguistique
- établir la carte d’identité phonétique de chaque apprenant afin d’utiliser, son par son, le procédé rectificatif optimal.
L’utilisateur potentiel de la ressource peut aussi
- créer ses propres batteries d’exercices en fonction des problèmes de ses élèves et proposer ainsi des entourages phonétiques optimaux. Il n’est plus tributaire des manuels et méthodes avec leurs phrases toutes faites, décontextualisées et souvent proposées selon des critères indéterminés
- bâtir une progression phonétique non pas fondée sur l’administration d’exercices collectifs mais prenant en compte les problèmes de chacun des apprenants au sein du groupe.
Ce blog prend le relais de la ressource et souhaite apporter des informations complémentaires aux personnes intéressées par la problématique de l’enseignement de la prononciation en FLE.