L’image est omniprésente dans le monde de l’éducation comme dans notre vie quotidienne. Comment l’interpréter, en décrypter les différentes strates de sens? Quelques sites et blogs nous donnent des clés pour ce faire. Des sources profitables aux enseignants et aux apprenants.
Savoir lire une image
Plusieurs sources nous font pénétrer dans le monde de l’image et ses coulisses. Les deux premiers sites présentés sont à vocation culturelle et pédagogique.
Surlimage
Jean-Paul Achard consacre un blog extraordinaire aux écrits et ressources sur l’image. Son blog est un merveilleux lieu de savoir, une inépuisable banque de données. L’auteur aborde les différents types d’image: fixe, animée, le cinéma, la photographie, l’affiche, les arts plastiques. Il propose des écrits sur l’image en différentes rubriques abondamment commentées et illustrées:
- qu’est-ce qu’une image?
- qu’est-ce que cadrer?
- du temps dans l’image
- de la couleur dans l’image
- l’image en mouvement
- signe, sémiologie
- fétichisation de l’image
- didactiques de l’image
- éléments pour l’analyse de l’image
- image et pédagogie
Un menu « autres textes » permet d’accéder à des écrits de sémioticiens, philosophes, sociologues, psychologues et autres spécialistes de sciences humaines. Une impressionnante collation de vidéos, films, émissions portant sur l’image, le cinéma, la phonographie est également mise à disposition. Ainsi que de nombreux sites ressources classés par genres. La bibliographie est établie sur le même principe pluridisciplinaire autour de l’image.
Centre images
Laurence Moinereau propose un cours d’initiation au vocabulaire de l’analyse filmique. Il est constitué de 4 grandes parties:
- image
- plan
- montage
- son
Chaque partie est divisée en séances. Une séance comprend des définitions, des exercices ainsi que des études de cas. De courtes vidéos très pédagogiques illustrent maintes définitions et concepts. Des sources bibliographiques et des prolongements théoriques permettent de creuser tel ou tel aspect si le besoin s’en fait sentir.
Les deux sites suivants ont une coloration davantage sociétale. Pourquoi et comment éduquer à l’image dans un monde subissant un incessant bombardement médiatique auquel il est quasiment impossible de se soustraire.
Médiapte
MEDIAPTE a pour objectif principal de développer chez les citoyens une capacité de jugement à l’égard des médias du quotidien. MEDIAPTE est spécialisé dans l’éducation à l’image, l’éducation aux médias, la formation aux usages de l’Internet, la visualisation de l’information. Dans les lignes ci-dessous, je reprends in extenso la présentation proposée dans l’à propos.
quelle démarche?
• Une approche qui respecte les représentations, les interprétations et les opinions de tous pour permettre à chacun de former son propre jugement;une approche qui n’est ni pour ni contre les médias, mais qui les prend en compte comme une donnée de la société actuelle ;
une approche qui ne se satisfait pas de simples jugements de valeurs sur les différents médias mais qui s ’appuie sur un travail d’investigation, de recherche d’informations cherchant à embrasser la complexité du fonctionnement des médias ;
• une approche qui privilégie les médias du quotidien (télévision, radio, web)
une approche qui s’intéresse à toute la production de ces médias (fictions, information, divertissement, publicité, bandes-annonces, reportages, blogs…) ;
une approche qui ne s’attarde pas sur les événements médiatiques sensationnels (exemple 11 septembre 2001) mais plutôt sur les images et messages ordinaires ;
une approche qui met l’accent sur le fait que les médias véhiculent avant tout des représentations du monde qu’il convient d’analyser, d’éclairer, de relativiser…
• une approche décloisonnée: MEDIAPTE travaille pour tous les publics (les enfants, les jeunes, les adultes…) et sur tous les terrains (aussi bien avec le système éducatif que dans le champ de l’éducation populaire) ;
une approche intergénérationnelle qui tient compte des rapports qui existent, à propos des images et des médias, entre les générations ;
une approche sociale, en développant des actions dans tous les milieux sociaux, sans oublier les publics socialement fragilisés ou rencontrant des difficultés (exemple : action avec des détenus, dans le domaine de la lutte contre l’illettrisme ou contre les discriminations) ;
• une approche qui privilégie une pédagogie active, basée sur des activités concrètes (d’analyse ou de réalisation d’images), activités courtes au service d’objectifs précis de découverte ou d’apprentissage, activités ne nécessitant pas d’appareillages coûteux.
quelle méthode?
Quelques-unes des caractéristiques de l’éducation aux médias que MEDIAPTE cherche à faire avancer peuvent être pointées à partir des mots-clés suivants :
derrière l’écran
sur l’écran
devant l’écran
Les médias doivent être appréhendés dans toutes leurs composantes :
regarder derrière l’écran, c’est s’intéresser aux coulisses de la fabrication des émissions, aux aspects économiques, à la réglementation, aux métiers, à l’histoire des médias…
regarder sur l’écran, c’est analyser, c’est pratiquer la sémiologie, s’intéresser à la technique, à l’esthétique, au vocabulaire, au sens, c’est apprendre à lire les écrans, à repérer la construction du temps et de l’espace…
regarder devant l’écran, c’est voir ce qui se passe du côté des spectateurs/auditeurs/internautes, c’est prendre en compte les aspects sociologiques, psychologiques, etc. (usages, comportements…).
. analyse d’extraits provenant des médias
. production d’images et de sons
. ouverture sur la création artistique
Trois types d’activités indissociables et complémentaires :
• celles qui consistent à décrypter ce qui vient des médias, celles qui sont axées sur la création de séquences courtes d’images/de sons,
• celles qui ouvrent sur la découverte des arts de l’image (l’art vidéo lorsque l’on s’intéresse à la télévision,
• la création sonore lorsque l’on s’intéresse à la radio, l’art numérique lorsque l’on s’intéresse à l’Internet…)
Lors de séances d’analyse ou de production, il convient de montrer que tout message médiatique n’est pas le réel mais est une représentation du monde ; que tout message médiatique est le résultat des choix de celui qui l’a fabriqué (cadrage, montage, choix des mots…) et que sa compréhension dépend du contexte culturel de celui qui reçoit le message. Il s’agit également de proposer des instruments simples d’analyse permettant à chacun de repérer, dans les messages médiatiques, les éléments stéréotypés et les éléments rendant compte de la complexité du monde.
Décryptimages
Ce site Internet qui est le fruit d’une longue collaboration entre la Ligue de l’Enseignement et l’Institut des Images se présente comme un portail d’éducation culturelle. Il est dirigé par Laurent Gervereau C’est un site gratuit, nourri bénévolement et sans publicité. C’est un portail indépendant qui signale tout ce qui constitue des apports fructueux dans ce domaine.
Decryptimages se veut un média-relai. Aux internautes de garantir la richesse et la diversité de ce site. Aux médias intermédiaires de se servir des ressources ainsi mises en avant. Qu’est-ce qu’un média-relai? Pour la période actuelle, à l’ère d’Internet, nous avons basculé de la société du spectacle (expression de Guy Debord) aux sociétés des spectateurs-acteurs. Cela signifie que nous disposons de deux types de médias.
Les médias de base, majoritaires, qui créent les conditions d’une démocratie de l’information (avec l’inconvénient du fait que l’abondance tue le choix et que les manipulations sont faciles même si les internautes pratiquent l’autorégulation et l’autosurveillance). Ils sont le fait d’individus ou de petits groupes, ont un fonctionnement latéral en réseaux mais manquent fréquemment de relais.
Les médias intermédiaires (journaux, télévisions, magazines, agences d’information, radios, sites internet à grands flux…), minoritaires, sont la deuxième catégorie. Ils relèvent du modèle pyramidal en place depuis les Néolithiques. Ils trient, sélectionnent, répètent souvent les mêmes nouvelles qui sont très sélectives, enquêtent et donnent des repères et des références pour les plus intéressants. Ils sont aussi sujets aux emballements par une hyperfocalisation commerciale sur les mêmes faits et les mêmes interprétations de ces faits.
En conséquence, le développement de médias-relais apparaît comme absolument nécessaire pour valoriser les médias de base en liant les réseaux (portails) et ainsi inciter les médias intermédiaires à diversifier leurs sources.
Décrypimages met des ressources à disposition
- histoire générale du visuel
- pédagogie
- créateurs
- banques d’images
- bibliographie
- sites d’analyses
Le portail propose également des Basiques sur l’histoire générale du visuel, comment décrypter une image, un film, etc. Certains liens pointent sur l’erreur 404, dommage.
Veille sur les vidéos en ligne
La vidéo a le vent en poupe, les jeunes en raffolent, c’est le média vedette sur les réseaux sociaux. Les capsules vidéo sont daubées dans le milieu de l’éducation, notamment par les adeptes de la classe inversée. Les services de partage de vidéos en ligne sont devenus indispensables. Christophe Deschamps du blog Outils froids a rédigé une série de trois billets très complets portant sur les points suivants:
- Rechercher des vidéos;
- Surveiller l’arrivée de nouvelles vidéos potentiellement intéressantes;
- Récupérer les vidéos intéressantes;
- Les améliorer si nécessaire;
- Les exploiter seul ou à plusieurs.
Lire ces publications sur les outils de recherche, de veille et de promotion donne plein d’idées auxquelles on n’avait pas forcément pensé. A consulter, donc.
Image: la communication dans tous ses états
Le gouvernement soigne son image sur Snapchat
ça n’est pas une blague. La communication numérique du gouvernement change, gouvernement.fr a ouvert un compte sur le réseau des jeunes et autres ados en février dernier. J’ai eu l’opportunité de voir éphémèrement (hélas) deux campagnes cet été: l’une portant sur la conduite à tenir en cas d’attaque terroriste, l’autre relative à la prévention face au risque d’incendie. Magnifique! En termes de storytelling, c’est impressionnant de professionnalisme. Il serait très profitable à tous que ces histoires courtes et légendées soient mises à disposition de façon perenne. Une très belle leçon de « fabrication de scénario » pour profs, élèves et formateurs.
Les raisons qui ont conduit le service de communication du gouvernement à manifester sa présence sur Snapchat sont expliquées dans cet article qui ne manque pas d’intérêt:
Les premiers communicants sont les hommes préhistoriques
Snapchat n’est en effet que l’un des derniers maillons d’une très longue histoire de l’image qui remonte à la préhistoire avec les manifestations artistiques se dévoilant à travers l’art pariétal (dessin sur parois) et l’art mobilier (dessin sur objets). A visionner l’entretien avec Véronique Féruglio, archéologue préhistorienne.
Pour conclure sur une belle image…
Je vous propose de retrouver la plupart de ces sources au moyen de l’outil de curation en ligne eLinks découvert cet été. Il est simple d’utilisation, donne un résultat plutôt sympathique et s’avère très pratique pour créer une sitographie commentée par exemple (accéder à la page plein écran en cliquant ici) .
Source imagette: Openclipart