Cette nouvelle ère dans le monde de la formation et de l’éducation est concomitante avec la publication du CECRL en 2001. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ce n’est pas le Cadre, paré de toutes les vertus par certains, qui porte la formidable transformation que connaissement depuis quelques années formateurs, enseignants et formés – élèves, étudiants, personnels divers dans les entreprises- dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la révolution numérique.
Mais il est intéressant de constater que le Cadre reflète certains changements qui se sont opérés durant les années 80-90 et occupent le devant de la scène depuis sa parution jusqu’à aujourd’hui. Le présent article décrit la montée en puissance de certaines tendances. J’ai retenu quatre événements particulièrement significatifs:
- le délitement des méthodologies en fle. Il commence avec les Approches communicatives qui en dénoncent la lourdeur ainsi que l’aspect parfois dogmatique.
- La montée en puissance des courants psychologiques de l’apprentissage. Elle coïncide avec l’engouement pour les sciences cognitives se manifestant dès le début des années 80. Les travaux sur l’organisation de la mémoire menés par la psychologie cognitive suscitent l’intérêt des pédagogues. La découverte de l’œuvre de Vigotsky galvanise les recherches en psychologie développementale.
- Certaines approches pédagogiques mettent en avant les principes de collaboration et d’autonomie des apprenants. Ceci se retrouve dans la pédagogie de projet qui redevient à la mode en France dans les années 80. Ainsi que dans la pédagogie différenciée qui promeut l’égalité des chances et la notion d’équité: ne plus traiter chacun de la même façon mais en fonction de ses différences. On peur rajouter à cela la théorie des intelligences multiples qui rencontre un très grand succès dans le monde de la formation.
- l’extraordinaire expansion d’internet en l’espace de quelques années. Le web traditionnel dit web 1.0, celui des informaticiens et des spécialistes, émerge début années 90. Dix ans plus tard, c’est l’avènement du web 2.0 également appelé web social, celui du partage et de la collaboration entre les internautes.
Ces quatre événements provoquent de profonds changements dans le monde du fle.
☞ le délitement des méthodologies en fle affaiblit la position des méthodologues et didacticiens véritablement spécialistes du domaine. Il ouvre la porte à des personnes issues de diverses Sciences humaines, avec une vision du fle très universitaire, peu de pratique de terrain et une tendance à la théorisation au détriment du dialogue avec les enseignants de terrain .
☞ L’apprentissage n’est plus l’affaire des didacticiens et des pédagogues en raison de la montée en puissance des courants psychologiques de l’apprentissage. Les psychologues occupent tout le terrain. Ils ont l’avantage de maitriser l’expérimentation, de s’appuyer sur des protocoles rigoureux et éprouvés, de délivrer d’impressionnants résultats bardés de statistiques indiscutables. Leur évidente autorité scientifique leur assure la maîtrise de tout ce qui ressort de l’apprentissage. Celui-ci est étudié en situation écologique par quelques poètes; la vraie étude se déroule en laboratoire.
☞ Des approches pédagogiques très présentes aujourd’hui dans l’univers du fle prônent le développement de l’autonomie des élèves passant par la collaboration, la réalisation de travaux en groupe, etc. Ces principes sont aujourd’hui valorisés. Mais trouve-t-on de véritables propositions pédagogiques innovantes au delà de ces prises de position « bienveillantes » pour reprendre un mot à la mode – j’y reviendrai dans un article ultérieur.
☞ Le spectaculaire développement d’internet, l’apparition de nouveaux modes d’enseignement, l’avènement du téléphone intelligent, l’utilisation de nouvelles applis etc. bouleversent complètement la donne en un temps très bref. Et sont de nature à remettre en question beaucoup de notions et de points considérés comme acquis dans la formation des enseignants …