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communication humaine vs communication animale 2/2

La communication humaine présente un ensemble de spécificités qui érigent des frontières infranchissables avec tout mode de communication animal, aussi sophistiqué puisse-t-il paraître pour certaines espèces.

La triade langage, langue, parole.

Autant rappeler une évidence: le vecteur principal du langage est constitué par la voix humaine. Emile Benveniste a écrit « Il n’y a pas de langage sans voix ». Ceci se retrouve sous la plume d’autres linguistes décrivant le langage humain comme nécessairement vocal et auditif.

Le langage est une faculté ancrée dans la biologie de notre espèce. Tous les humains parlent même les plus stupides. Aucun singe, même le plus brillant, ne parle.

La langue, elle, n’a rien de génétique. Elle relève de la culture. On parle la langue de son milieu socioculturel. La langue est un signe fort de reconnaissance identitaire et sociale.

Je vous invite à réfléchir à la citation suivante extraite du livre de P.-Y. Oudeyer  (2013, p. 30):

Le langage et de façon plus générale la communication, implique la transmission d’informations entre les individus. Le support le plus communément utilisé entre les humains est le son de la voix dont les capacités de production et de perception constituent la parole – ici réservée à la forme sonore et articulatoire indépendamment du sens, et donc n’est pas synonyme de langage.

Le schéma ci-après résume les infos les plus pertinentes pour expliciter ces trois termes.

langage, langue et parole, un schéma

Pourquoi l’homme est le seul à pouvoir parler?

la théorie anatomique

Les singes pourraient parler.  ils ont un dispositif phonatoire complet : poumons, muscles, larynx, pharynx, fosses nasales, cordes vocales, voile du palais, langue et lèvres. Mais :

Leur larynx est en position haute, réduisant ainsi fortement le volume du pharynx

Leur langue occupe pratiquement tout le volume de la cavité buccale. Et elle n’est pas mobile.

Ces deux particularités anatomiques les empêchent d’articuler des sons de parole.

Pour bien comprendre, je vous invite à visionner cette très belle vidéo explicative.

Les spécificités du langage humain

Le langage humain a comme fonction principale d’assurer la communication. Et il présente un certain nombre de propriétés pour ce faire.

Son aptitude à véritablement référer, c’est-à-dire à RE-présenter un objet –chose, être, animal, notion- de la réalité extralinguistique appartenant à un monde réel ou imaginaire. Comment cela ? Grâce à un système de signes vocaux –produits par la voix- admis par tous les membres d’une même communauté linguistique. Ce qui permet leur transmission, leur perception et leur compréhension de façon quasi-instantanée. Quand je prononce les mots sandwitch, bouteille, liberté, livre, politique, vous comprenez immédiatement le sens de ces mots car nous possédons de même système de décryptage, le même code.

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la référence découplée. Pour citer Hombert et Lanclud (2014 : 171) les signaux des animaux ne peuvent pas évoquer, comme nos mots en ont le pouvoir, un objet, un événement, ou une situation hors contexte, càd un objet non présent, une situation non réalisée ou un événement non advenu à l’endroit et à l’instant où le signal est émis. L’usage humain du langage autorise ce découplage de la référence.

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le principe de double articulation qui différencie le langage humain de n’importe quel langage animal même sophistiqué. Toute langue naturelle est composée de deux types d’unités :

  • Les phonèmes, formes acoustiques minimales pertinentes dénuées de sens, forment les unités de 2ème Ces formes sonores sont en nombre fini et limité pour toute langue ;
  • Ces unités sonores minimales se combinent selon les règles d’une langue donnée pour former les morphèmes, unités de 1ère Les morphèmes sont des unités minimales de sens et une langue peut en créer tant qu’elle elle veut selon ses besoins. Nous avons évoqué le langage sonore des baleines, de certains oiseaux, des singes. Impossible chez ces espèces d’identifier des unités de 2ème articulation, ces formes sonores élémentaires dont la combinaison permettrait de donner des « sens » différents à leurs sonorisations…

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l’analysibilité. Les unités de vocalisation se combinent : les phonèmes forment des syllabes qui forment à leur tour des groupements mélodiques mélodiques plus importants… Et qui sont la marque de chaque langue à l’oral. De façon plus large, les différentes unités linguistiques d’une langue sont emboîtées les unes dans les autres et analysables.

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la récursivité assurée par la syntaxe, c’est-à-dire l’enchâssement permettant de produire une phrase à l’infini théoriquement : Tu dois connaître le frère du cousin du jardinier de ma cousine qui habite dans le sud de la France dans la banlieue de Toulouse dans une maison située dans un quartier tranquille et ombragé où poussent des violettes et autres fleurs …

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la créativité qui permet, par le truchement du langage, de parler de tout, de laisser libre cours à notre imagination qui est sans limites… Toute langue humaine a le pouvoir d’exprimer toutes les significations possibles. Le langage humain est caractérisé par l’illimitation.

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le caractère dialogique de la communication vocale. Qu’aucun animal ne partage avec l’humain.

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le fait d’avoir des intentionnalités et de savoir que l’interlocuteur en a également. Spontanément, l’humain attribue à autrui des états mentaux, des croyances, etc. Ce qui ajoute une autre dimension à la communication qui s’effectue sur la base d’un code dit commun mais aussi et surtout à partir de processus inférentiels…

L’évolution du cerveau

Pour certains chercheurs, les primates ne disposeraient pas des structures cérébrales nécessaires pour parler. La capacité de l’humain à parler serait donc liée à l’évolution et au développement unique de son cerveau, et non aux différences anatomiques qui le séparent des primates.

Quelques lectures conseillées

Dortier, J.-F. (2012) L’homme cet étrange animal Auxerre, Science humaines Editions

Dortier, J.-F. dir. (2016) La communication Auxerre, Science humaines Editions

Hombert, J.-M., dir. (2005) Aux Origines des langues et du langage Paris, Fayard

Hombert, J.-M. ; Lenclud, G. (2014) Comment le langage est venu à l’homme Paris, Fayard

Oudeyer, P.-Y. (2013) Aux sources de la parole Paris, Odile Jacob

Rondal, J.-A. (2000) Le langage: de l’animal aux origines du  langage humain Liège, Mardaga

 

imagette:  https://openclipart.org/

Photo credit: pic fix on Visual hunt / CC BY-NC-ND

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