La deuxième quinzaine de décembre voit un certain engourdissement de la blogosphère. Au hasard de mes pérégrinations pendant cette période, j’ai découvert quelques sites et articles qui ont retenu mon attention. Commençons par des choses sérieuses, terminons par un sourire – du moins est-ce mon souhait 🙂
Francophonie: connaissez-vous Mondoblog?
J’ai découvert cette plate forme de blogging francophone (belle cooccurrence) et ai été séduit tant par la pertinence du projet que la qualité des contenus. Un site à visiter souvent selon moi.
Mondoblog est un projet porté par l’équipe de l’Atelier des médias de RFI. A ce jour, la plateforme compte plus de 600 blogueurs répartis dans soixante-dix pays dans le monde. Mondoblog est à la fois un média et un projet de formation international. Son objet est de favoriser l’émergence d’une blogosphère francophone internationale et dynamique. L’enjeu est de contribuer à un développement du contenu francophone de qualité sur Internet.
La sélection des blogueurs se fait annuellement par concours (1ère promo 2010-11).
Formation à distance. Après sélection des meilleurs candidats, la seconde phase est celle de la formation à distance pendant six mois. Elle s’effectue par mail, via des tutoriels et par une assistance permanente. Sont enseignés la prise en main du blog, l’organisation des contenus, la structuration du site et la qualité des contenus. Des mails personnalisés sont adressés à chaque participant. Les conseils concernent le style, le ton, l’orthographe, la mise en forme, les illustrations, le sujet, l’angle…
Session intensive. Les blogueurs les plus impliqués, les plus talentueux et les plus motivés sont repérés au fur et à mesure et invités à une session de formation intensive d’une dizaine de jours. Elle permet de familiariser les blogueurs avec les techniques présentées dans les tutoriels. La session a pour objet de renforcer leur culture journalistique avec une sensibilisation à la “responsabilité médiatique”. Elle permet également de renforcer la communauté en permettant aux blogueurs de faire connaissance et d’établir des relations d’amitié hors ligne.
Enfin, dans la mesure du possible, Mondoblog dote les blogueurs en matériel.
Projet éditorial. Dès sa sélection par concours, chaque candidat reçu doit créer son blog sur Mondoblog. Cet espace de publication est indépendant. Il a une URL propre choisie par le blogueur sur le modèle http://lenomdublog.monblog.org. Le blogueur peut organiser et décorer son blog à sa guise. Il est aidé dans ce processus quand il le souhaite ou s’il y a un problème. Chaque blog fonctionne donc par lui-même et peut exister indépendamment de la communauté. Si un blogueur souhaite exporter son contenu, ouvrir son blog ailleurs… il en a la possibilité. Cette logique est essentielle pour Mondoblog. L’Internet est un espace de liberté et il faut fédérer les gens autour du projet et des avantages qu’il offre, non pas autour de contraintes.
Assez rapidement, les blogueurs commencent à publier du contenu sur leur blog. Les équipes de Mondoblog suivent ces publications et font des retours aux apprentis. Elles critiquent le style, le ton, l’orthographe, la mise en forme, les illustrations, le sujet, l’angle… Dès que les contenus et que leur mise en forme le permettent, ils sont édités et partagés sur la page d’accueil de la plateforme principale. Mondoblog est donc hébergeur de l’ensemble des blogs et éditeur des meilleures productions. Ce rôle d’éditeur engage sa responsabilité journalistique et médiatique. L’ensemble des blogueurs de la communauté adhère à une charte. Cependant, les contenus ne sont pas tous informatifs. Certains blogs sont fictionnels, beaucoup sont des journaux personnels.
Thèmes abordés variés: culture, éducation, environnement justice, société, sports, confit armé, francophonie, religion, santé.
La plateforme Mondoblog a pu voir le jour grâce au soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), de la Fondation Varenne et du Service d’action culturelle de l’Ambassade de France à Dakar. Elle a bénéficié du soutien de l’Institut français et de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Numérique: fiches synthétiques, infographies.
Une information diffusée par le portail national Éduscol, l’actualité du numérique.
Le kit pédagogique « Internet Attitudes » destiné aux élèves a pour objectif de leur apprendre à utiliser Internet et les outils numériques de manière responsable. Composé de 10 fiches téléchargeables, complété par 3 infographies sur les réseaux sociaux, l’information en ligne et l’identité numérique, cet ensemble est mis à disposition sous licence CC par le Canopé de l’académie d’Amiens. L’ensemble a été mis à jour le 17/11/15 par Jean-Christophe Olivier. Le kit est téléchargeable au format ZIP en cliquant ici.
Le site satellite Comprendre et Utiliser l’Internet du Canopé de l’académie d’Amiens comprend de nombreuses ressources sous licence Creative Commons BY-NC-ND 3.0 à destination des jeunes, des parents et des enseignants. Il vaut vraiment le détour car les documents mis à disposition sont fort bien réalisés ainsi que d’une grande utilité.
De fait, Internet est désormais omniprésent dans les pratiques d’enseignement et d’apprentissage des langues. D’où une foule de nouvelles interrogations pour la didactique, l’émergence de nouvelles façons d’apprendre et d’enseigner. Un dossier de Thot Cursus récemment rediffusé reprend quelques points de cette problématique avec des documents datant de 2011 mais qui restent d’actualité dans l’ensemble. Vous y accédez par ici.
Et ce dossier m’offre une transition pour aborder la 2ème partie de ce billet, plus légère que ce qui précède.
A lire avec le sourire.
Quelques billets récoltés de ci de là.
Le français en mouvement. Une langue est un système à la fois stable -ce qui assure l’intercompréhension entre les membres d’une communauté linguistique- et en constante évolution. Des changements se manifestent, certains fugacement car dus à des effets de mode, d’autres paraissent s’enraciner, ils provoquent l’opprobre des puristes, mais certains traits novateurs aujourd’hui ressentis comme incorrects peuvent très bien devenir la norme de demain. Petite promenade dans ce que j’ai glané çà et là en décembre.
Tout d’abord un article sympatrique recensant certains tics de langage actuellement à la mode. Combien resteront, combien auront disparu dans les oubliettes d’ici une dizaine d’années (mais remplacés par d’autres). Le florilège contenu dans l’article est un exemple du « parler branché » comme de certains « raccourcis cognitifs »: on emploie une expression passe-partout quand on a un manque de mot par exemple. Ne pas oublier que l’oral est le royaume de l’approximation par rapport à l’écrit.
La variation lexicale, de même que la variation phonétique, sont des constantes à l’intérieur de l’espace francophone. Elle n’affectent pas le noyau dur de la langue. De même, nous assistons à la disparition d’une orthographe élitiste sous les coups de boutoir du langage sms, des courriels écrits à la va-vite, d’articles de journaux -dépêches d’agence- rédigés dans une syntaxe approximative et une orthographe défaillante, de la diffusion de blogs dont certains ignorent les règles de français les plus élémentaires. On va vers une simplification du système et la démocratisation de l’orthographe de notre langue paraît inéluctable.
Juste pour le plaisir, quelques perles[litetooltip targetid= »litetooltip_1452006775409″ location= »top » opacity= »1″ backcolor= »#E54C3C » textcolor= »#ffffff » textalign= »center » margin= »5″ padding= »10″ trigger= »hover »]
Corpus obligeamment fourni par une amie le soir de Noël.
[/litetooltip] de l’oral spontané. Je devrais organiser un questionnaire en ligne pour être dans l’air du temps, du genre « c’est correct ou pas? ». Pas sûr d’avoir 100% de bonnes réponses: “au jour d’aujourd’hui”, “un ami à moi”, “aller au médecin”, “la femme à Machin”, « y’a qui qui vient à la maison ce soir? »…
On observe également quelques curiosités, telle que celle que celle-ci.
Une histoire sans que ni tête par un cosaque du dont. Vous allez comprendre à la lecture des lignes suivantes. Dans la classe des pronoms relatifs, nous sommes tous confrontés à l’invasion du que et à la disparition progressive du dont . C’est ainsi dont, pardon que, la nuit du 24 au 25 décembre j’ai entendu une ado glapir Mais tu sais bien c’est la sœur à Cathy que je t’ai parlé la semaine dernière, celle qui habite sur Paris. Je suis demeuré tétanisé. Mais j’avais déjà fait le cadeau…
Cette incorrection défrise les profs de fle. Vous pouvez me rétorquer « laquelle? » puisque l’énoncé susurré par la délicate jouvencelle en comporte trois. Quoi que -couac- la soeur à Cathy comme habite sur Paris semblent être acceptés par certains collègues parmi les plus jeunes. En ce qui concerne le pronom relatif, j’espère en tant qu’incurable optimiste que la communauté fle-iste continue de mener un combat, perdu d’avance de toute façon, sur les emplois de que et dont.
Mais que la « permutation » puisse fonctionner dans l’autre sens, je ne m’y attendais pas, en tout cas sous la plume d’un francophone. Or, voici ce que j’ai lu dans deux billets publiés par la même personne à une semaine d’intervalle pendant les fêtes.
Et là, cela devient inquiétant. Mais bon, c’est la reprise, essayons de voir ceci avec légèreté. Il existe fort heureusement des blogs pleins d’humour. Et cela fait beaucoup de bien de constater qu’il y a encore des personnes qui ont de l’esprit et sont capables de (faire) rire.
Il nous faut trouver un coupable à désigner à la vindicte populaire. Cet article de C. Garcia du Blog Profs mis en examen fournit peut-être des pistes à considérer:
Oui, c’est vrai, la langue français recule. Bien qu’épuisés et étudiant de moins en moins, les djeuns massacrent allègrement notre patrimoine linguistique. Jusqu’où iront ces cancres las?!?
Une preuve supplémentaire de notre inculture galopante est fournie par ce joli blog qu’est EduK Actus, le site de l’actualité piquante en éducation -notez au passage le lamentable jeu de mots au niveau du titre, tout ce qu’on aime-, une adresse à mettre urgemment dans ses favoris. Il nous révèle que, d’après un sondage, plus de 90% des Français se déclarent opposés à la conjugaison du verbe « déchoir ».
Quid faciam? Peut-être opter pour une solution radicale. Davantage d’heures accordées au français à condition de trouver les moyens nécessaires. Et pourquoi pas en supprimant l’apprentissage des langues étrangères. Quelques colloques sur le sujet permettront aux didacticiens de mener une réflexion approfondie sur le sujet. EduK Actus révèle que les politiques sont conscients du problème.
Cette réflexion sur la suppression des L2 s’inscrit dans la durée. En attendant, qu’est-ce qui nous attend dans les jours à venir? La session de partiels! Là encore, une clé est fournie par un enseignant de collège, Fabrice Erre, qui tient le Blog Une année au lycée et l’alimente par de talentueuses BD. Une adresse à retenir également. Lycéens, étudiants, même combat. Leurs préoccupations au sujet des exams sont identiques. Lisez la BD ci-dessous.
Ce premier article de 2016 permet une reprise en douceur.
Dès la semaine prochaine, retour aux choses sérieuses!
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