Le déclin des Actes de langage et l’essor de la conversation
Comme mentionné dans la publication évoquée ci-dessus, les Actes de langage constituent l’unité absolue de référence durant les Approches communicatives, les manuels sont élaborés à partir des listes de référence de Un Niveau Seuil, de très nombreux exercices sont proposés en les prenant pour base.
Le champ du fle se développe de manière exponentielle
En didactique, c’est tout de même le dialogue qui demeure le terme privilégié. Le terme reste familier et rassurant, compte tenu des apports multiples mentionnés plus haut. Auxquels il convient d’ajouter certaines disciplines particulièrement attractives – analyse de discours, analyse conversationnelle -. Il connaît toutefois une extension de sens notable par rapport à sa définition de la période précédente (cf. article en supra).
Le dialogue est présenté comme suit dans le Dictionnaire de didactique du FLES (Paris, Asdifle, Clé international, 2003) coordonné par J.-P. Cuq:
DIALOGUE: Hyperonyme renvoyant à la forme la plus commune de la communication interpersonnelle, dialogue désigne aussi bien la conversation, le débat, l'entretien que les dialogues des œuvres de fiction, etc. Il constitue l'instrument privilégié de l'interaction verbale et désigne parfois un idéal de discours et de relation tel qu'on peut l'inférer d'ex- pressions du type «homme de dialogue» ou « dialogue des cultures ». Les approches du dialogue sont aussi diverses que l'objet est hétéroclite. (p. 69)
Dans la même entrée, il est indiqué que l’évaluation des dialogues dans les méthodes s’effectue à plusieurs niveaux résumés dans la figure suivante:
- faire les bonnes inférences
- réaliser les conduites discursives adaptées.
les jeux de rôles: dialogue et/ou conversation?
- il s’agit de rejouer le dialogue de la leçon et collant au plus près aux protagonistes: prosodie, humeur (pratiquement toujours égale). Ceci correspond au moment de dramatisation des leçons SGAV;
- les élèves peuvent être conviés à élaborer des dialogues de leur cru en mobilisant toutes leurs connaissances linguistiques;
- le professeur peut proposer des sujets à partir desquels les élèves peuvent soit construire de dialogues soit improviser de courts échanges.
Le concept d’oralité
Il apparaît dans le courant des années 80. E. Lhote, C. Weber notamment contribuent à le diffuser. L’oralité est présentée dans ce podcast. La carte heuristique suivante en expose les principales caractéristiques:
L’oralité est en phase avec l’ensemble des apports novateurs dont le fle a bénéficié, d’un point de vue exclusivement théorique, durant les années 80 et pendant la décennie suivante dite de l’éclectisme. Les travaux impulsés pendant la période des Approches communicatives continuent de se développer. A l’intérieur de chaque discipline se manifestent plusieurs courants. L’interdisciplinarité est désormais la règle.
Les années 90 constituent une sorte de trêve dans la didactique du fle. Les manuels édités à cette époque reprennent grosso modo les canons de la décennie précédente. Mais un changement important se dessine., Le fle est maintenant pris en tenaille par la montée en puissance des Sciences de l’Education ainsi que les courants psychologiques de l’Apprentissage qui envahissent son territoire.
Et aujourd'hui, où en est-on?
Une nouvelle époque s’ouvre avec la parution du CECRL en avril 2001. Quand on. le parcourt, on retrouve tous les grands principes qui ont été présentés et discutés en fle les 20 dernières années. C’est le cas pour la communication orale, l’interaction, etc. La vision de l’engagement de l’apprenant en tant qu’acteur social dans l’interaction peut être résumée par cette figure à mettre en lien avec la carte heuristique en supra:
C’est désormais l’avènement de l’Approche actionnelle. On assiste à la publication d’articles dont les auteurs expliquent doctement que la communication en classe doit être calquée sur la communication de la vie réelle et invitant les enseignants à ne pas craindre de sortir de leur zone de confort (Vygotski reste toujours très à la mode) afin de garantir à leur élèves un épanouissement radieux lors de leurs échanges communicationnels.
Il y a là un dévoiement de la didactique qui devrait essentiellement être au service des professeurs de fle et de leurs élèves et non servir de caisse de résonance à des enseignants universitaires ne connaissent rien au terrain mais exposant les résultat de leurs recherches, souvent sans se donner la peine de relier leurs propos théoriques aux préoccupations rencontrées par leurs collègues en salle de cours. J’avais déjà dénoncé cet état de fait dans cet article.
En ce qui concerne la conversation exolingue fluide qui doit être la finalité vers laquelle devrait tendre tout apprenant étudiant la langue avec l’objectif de la pratiquer couramment, il est bon de rappeler, en 2022 comme du temps des Approches communicatives, que dans une classe, on ne peut que faire semblant, on n’est pas dans la vie réelle. Même si l’on ne jure que par l’Approche actionnelle.
Plutôt que de longs discours, je résume mon propos en 3 images:
Les travaux portant sur la conversation se sont considérablement multipliés. Je ne me risquerai pas à entreprendre d’en esquisser une présentation d’ensemble. Je vous renvoie à quelques sources inspirantes.
Et puis, comment notre cerveau décode-t-il les signaux sociaux véhiculés par notre voix.
Car il a la capacité de décoder instantanément les intentionnalités de l’interlocuteur.
Très belle vidéo proposée par le CNRS.