Un exemple vidéo commenté de correction phonétique: comment le professeur guide l’apprenant pas-à-pas vers la production correcte d’un son qui avait été mal réalisé au départ.
Contexte ce cet exemple commenté
Cet enregistrement a été réalisé lors d’une séance de correction phonétique à laquelle participaient une dizaine d’étudiants de différentes nationalités. Dans un dialogue préparé par un enseignant, figurait la phrase qui vole un oeuf vole un boeuf. J’avais détourné cette phrase en fonction des difficultés plausibles de chaque apprenant. J’avais ainsi proposé à l’étudiante précédente, une Chilienne, qui vole un oeuf vole un zèbre, escomptant une difficulté pour produire [z], ce qui fut effectivement le cas.
Lorsque est arrivé le tour de Louise, étudiante vietnamienne, je lui ai demandé de répéter qui vole deux oeufs est un vilain monsieur. J’escomptais une production [møʃjø], cette erreur étant un classique. Mais la jeune fille a déjoué le piège tendu. Elle a par contre produit [døzjø] en non [døzø]. Sa connaissance du français étant excellente, il ne pouvait s’agir d’une confusion lexicale. Cette méprise phonétique est due à un excès de tension. De façon générale, les Vietnamiens éprouvent des difficultés à gérer les consonnes et semi-consonnes. du français.
Il a donc fallu « éponger » l’excès de tension pour ramener progressivement Louise vers le « bon » son. Vous voyez en direct comment le professeur procède
- engagement corporel
- gestualité facilitante
- recours systématique au rythme et à l’intonation
- contrôle – l’enseignent va jusqu’à provoquer à nouveau l’erreur sciemment, ce qui lui permet de confirmer son diagnostic.
Ce genre de travail pris sur le vif montre l’efficacité de la méthode verbo-tonale d’intégration phonétique. Rien n’est fait au hasard. Le professeur et l’apprenant s’adaptent mutuellement:
- le professeur part de l’erreur de l’apprenant et le guide en permanence;
- l’élève fait confiance au professeur et se laisse conduire.
N’oubliez pas d’activer le son au moyen du petit icone « haut parleur » en bas à droite de la vidéo.
La vidéo permet également de constater deux choses;
- si le professeur est gestualisant, la jeune fille est très attentive mais demeure rigoureusement immobile. Ceci est peut-être dû à sa culture;
- Louise prononce bien [døzø] mais en allongeant la durée de la syllabe [dø], ce qui donne [dø:zø]. Et déstructure le rythme du français. Tout en enlevant de la tension sur la syllabe terminale [zø], ce qui contribue à l’élimination du son parasite [j]. Je ne me suis pas rendu compte de cette espèce de « stratégie palliative » certainement inconsciente pendant le travail avec elle. J’en ai pris conscience en revoyant la vidéo.
Merci, depuis mes premiers pas à l’Université, du Mirail alors, je suis une mordue de MVT. Maintenant en poste dans ma Colombie natale je passe par une obsédée.
Je voudrais me faire un répertoire de phrases avec les difficultés que je sais sont les plus communes et avoir déjà réfléchi à l’avance au processus de correction. Mais si jamais vous avez des conseils pour ces phrases ça pourrait être une mine d’or.
Merci!
Bonjour à vous, l’obsédée de la mvt.
Pour composer des phrases dites optimales, recensez les erreurs commises par vos élèves et construisez vos énoncés en tenant compte des différents ingrédients mis en avant par la méthode. Ce n’est pas si difficile que cela!
Merci Michel pour cet exemple de correction . C’est clair, efficace et probant. mais qui doute encore de l’efficacité de la MVT ?
Il y a de la malveillance dans certains milieux et certains didacticiens glosent en mal de la verbo-tonale alors même qu’ils ignorent tout de la correction phonétique… Non, je ne donnerai pas de nom. Mais en règle générale la MVT jouit d’une réputation d’efficacité. Le drame, c’est que les formateurs de terrain sont très peu nombreux.
Bonjour
Je me souviens des cours en 1992 ou 93 , ce sont ceux qui m’ont le plus marqué lors de ma Maitrise FLE à Toulouse et j’applique encore parfois cette méthode (modestement certes..) en Suisse avec mes apprenants.
Philippe
Merci pour cet aimable témoignage, avec mon meilleur souvenir.