Cela fait un moment que j’avais l’intention de présenter deux ressources numériques de qualité consacrées aux langues. Deux ressources fort bien faites, invitant au voyage et à la découverte, qui raviront tous les curieux s’intéressant aux mécanimes et au fonctionnement des langues.
Le site Cité-Langage
Ce site a été réalisé par l’Université Lille–SHS suite à l’appel à projet lancé par l’Université Ouverte des Humanités (UOH). Il est piloté par Georgette Dal. Il regroupe des intervenants des Universités de Lille, Grenoble, Lorraine et Strasbourg. Il implique les laboratoire CNRS « Bases, Corpus, Langage », « Dynamique du Langage », « Structure et Dynamique des Langues » ainsi que « Langages, Langues et Cultures d’Afrique noire ».
Les thématiques abordées dans la ressource sont indiquées dans la figure ci-dessous sur laquelle vous cliquez pour accéder au site:
En cliquant sur chaque entrée, on accède à un sous-menu qui propose plusieurs thèmes. Chaque thème consiste en une vidéo d’une durée de 5 à 7 minutes, réalisée sous forme d’entretien entre un spécialiste du domaine et un étudiant de l’université de Lille. Les tournages se déroulent dans des lieux à chaque fois différents. Ceci confère à l’ensemble un aspect très vivant dynamique. L’accès à des ressources complémentaires est proposé en dessous de chaque vidéo.
Le site Cité-Langage constitue une excellente introduction aux Sciences du Langage. Les entretiens sont clairs, attrayants et dispensent des informations de qualité. A recommander sans réserve et à mettre entre les mains, les yeux et les oreilles de tous les amoureux des langues.
Une histoire sociale des langues romanes
Cette passionnante genèse, construction et évolution sociolinguistiques d’une famille de langues est une ressource de l’université Paul-Valéry de Montpellier sous la direction pédagogique de Carmen Alén Garabato.
Je cite in extenso le texte de présentation de la ressource:
« La situation actuelle de la Linguistique romane est très différente de celle que cette discipline a vécue pendant des décennies et depuis sa naissance au XIXe siècle. Une explication pourrait venir de la ségrégation des philologies spécifiques (catalane, française, galicienne, hispanique, italienne…) dans l’enseignement supérieur qui a marginalisé ou effacé la dimension comparative qui caractérisait la discipline. Ceci étant, le domaine roman constitue un excellent laboratoire d’observation et un terrain privilégié pour la (socio)linguistique historique et comparée en raison des sources documentaires diverses et nombreuses dont l’enseignant-chercheur dispose et qui témoignent non seulement de l’histoire interne du latin et des langues romanes, mais aussi des facteurs sociaux, politiques, économiques… qui ont accompagné et influencé cette dynamique au sein de différentes « communautés linguistiques » et/ou espaces communicatifs.
Dans cette ressource, nous avons voulu raconter une histoire sociale passionnante : celle d’une langue – le latin – qui s’est transformée et a donné naissance à toute une famille linguistique : la famille romane. L’étudiant découvre comment, à partir des différentes variétés de latin qui se sont individuées de plus en plus à la suite de la disparition de l’Empire romain, s’est restructurée la configuration sociolinguistique de la Romania. Il peut apprécier le rôle des évènements politiques (invasions, guerres, conflits divers…), religieux (Christianisme, Réforme, Contre-Réforme…) et culturels (Humanisme, Romantisme…) dans la formation des langues romanes et dans l’évolution écolinguistique de l’Europe. En définitive, à la fin de cette ressource, l’étudiant doit être en mesure de relativiser ce que l’on appelle le « poids des langues » (Calvet) et de mieux comprendre pourquoi certaines langues « ont réussi », c’est-à-dire sont devenues des langues d’État, symboles d’une nation, porteuses d’une culture internationalement reconnue tandis que d’autres sont aujourd’hui en situation de minoration (et que d’autres ont disparu).
Cette histoire commence avec la fondation de Rome et s’étale jusqu’à nos jours. Toutes les époques et toutes les langues romanes (majoritaires ou minorées/minorisées, officielles ou non) trouvent une place dans cette histoire sociale qui est racontée de façon rigoureuse, mais attrayante en prenant appui sur des sources écrites qui sont mises « en situation de dialectique, c’est-à-dire dans la situation même de [leur] production » (Lafont 1976), au sein de la communauté et de l’espace communicatif qui étaient les leurs.
L’étudiant est guidé dans sa découverte par des contenus théoriques et interdisciplinaires (prenant en compte les facteurs sociaux, politiques, économiques…), par des liens qui le dirigent vers d’autres ressources offrant des informations complémentaires, par des cartes historiques qui lui servent de repère, et qui montrent aussi le rapport étroit entre les différents processus de stabilisation stato-nationale et l’évolution sociolinguistique des langues d’Europe. Cela dit, le cœur de cette histoire est constitué par un important ensemble de documents historiques rédigés en langues romanes à différentes époques (dont les caractéristiques graphiques d’origine sont, presque toujours, respectées) accompagnés d’une version audio (pour certains d’entre eux), d’une traduction et d’un commentaire sociolinguistique. »
La ressource se compose de six modules apparaissant dans le menu supérieur. A droite, un menu latéral donne accès aux différents points abordés à l’intérieur d’un module donné. A noter que chaque texte peut être converti au format pdf. Plusieurs cartes permettent de se situer dans l’espace et dans le temps.
Une ressource passionnante, très riche, formidable introduction à la vie et au développement d’une famille de langues.